Parce que l'on doit faire des choix, prendre une décision implique d'être capable de comparer les coûts et les bénéfices des diverses options possibles. Mais dans de nombreux cas, le coût d'une action n'est pas aussi évident qu'il le paraît.
Prenons par exemple la décision d'aller à l'université. Le bénéfice est représenté par l'enrichissement intellectuel et la probabilité de décrocher un emploi plus qualifié. Mais quel en est le coût ? Pour répondre à cette question, on pourrait additionner les dépenses en matière de frais de scolarité, de livres, d'hébergement et de nourriture. Mais ce total ne représente pas tout ce à quoi on a renoncé pour passer une année à l'université.
Pour commencer, cette réponse inclut des éléments qui ne sont pas à proprement parler des coûts liés à l'université. Même si l'on arrête ses études, on aura besoin d'un gîte et d'un couvert. Et si le gîte et le couvert sont des éléments du coût de la vie, ils ne sont pas spécifiques à l'université. Ils ne le deviennent que dans la mesure où leur montant à l'université excède leur montant ailleurs. En effet, il se peut que le coût d'une chambre universitaire soit inférieur à ce qu'il vous en coûterait pour vous loger en ville. Dans cette hypothèse, l'économie réalisée constitue un bénéfice lié à la poursuite d'études universitaires.
Ensuite, le calcul évoqué plus haut ignore le facteur de coût le plus important : votre temps. Quand vous consacrez une année à suivre des cours, à lire des manuels et à rédiger des mémoires, c'est autant de temps que vous passez hors de la vie active professionnelle. Pour une majorité d'étudiants, le principal facteur de coût de l'éducation universitaire, c'est la somme des salaires auxquels il a fallu renoncer.
Le coût d'opportunité d'un bien, c'est ce à quoi on renonce pour obtenir le bien désiré. Au moment de prendre une décision, comme savoir si on doit aller à l'université, il faut être capable d'évaluer le coût d'opportunité associé à chaque action possible. C'est d'ailleurs souvent le cas.
N. G. Mankiw, Principes de l'Économie, Economica, 1998